La blessure du rejet : quand le cœur se ferme sans bruit
- Cecile
- il y a 5 jours
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Certaines blessures ne saignent pas, et pourtant bien qu’invisibles, elles s’inscrivent profondément dans les chairs et façonnent insidieusement la manière d'être au monde. La blessure de rejet fait partie de celles-là.
Elle est l’une des plus profondes et douloureuses que l’on peut porter. Elle touche l’être au cœur de son existence, à la simple légitimité d’être. Être rejeté, c’est ne pas être reconnu dans son essence même, dans son droit d’exister tel que l’on est. C’est une blessure qui se forme souvent très tôt, parfois même avant la naissance (le fœtus perçoit déjà certaines informations émotionnelles). Elle génère un sentiment d’invisibilité, une peur panique d’être abandonné, ignoré, ou de déranger.
Elle s'insinue dans les relations et les choix. Elle se glisse dans l’ombre d’un regard détourné, dans les mots jamais dits et les bras jamais tendus, et puis un jour, elle devient ce filtre invisible à travers lequel on se regarde, on aime et on vit.
Les racines de la blessure de rejet
D’après Lise Bourbeau, auteure du livre les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même, la blessure de rejet serait la première à se manifester. Les premières années de vie sont décisives, car c’est là que le lien se tisse ou ne se tisse pas avec les figures d’attachement et laisse une empreinte durable. Quand l’enfant ne se sent pas accueilli tel qu’il est, quand il perçoit qu’il doit changer, se taire ou disparaître pour "mériter" l’amour, alors naît cette peur profonde et intense de ne pas être assez.
Cette blessure peut aussi naître ou être renforcée plus tard. Une parole maladroite, un regard détourné, un évènement auquel on n’est pas invité, une relation qui prend fin ... et quelque chose en nous a cru, une fois pour toutes, que nous n’étions pas assez. Pas assez sage, pas assez intéressant(e), pas assez aimable. Ces expériences répétées de rejet, qu'elles soient réelles ou perçues s’ancrent alors profondément. Le sentiment de ne pas avoir le droit d’exister ou d’être aimé s’installe.
Mais cette blessure peut aussi naître plus tard ou se réactiver violemment au fil du temps.Une parole maladroite, un regard qui fuit, une absence inexpliquée, un évènement auquel on n’est pas convié, une relation qui prend fin … Et quelque chose bascule, une croyance s’installe insidieusement « Nous ne sommes pas assez » …pas assez intéressant, pas assez sage, pas assez aimable.Ces expériences répétées de rejet, qu’elles soient concrètes ou simplement ressenties, s’ancrent alors profondément dans la mémoire émotionnelle. Et à force de les revivre, la croyance s’enracine de plus en plus profondément : "Je ne mérite pas l’amour. Je dérange. Je n’ai pas de place."
Comment se manifeste-t-elle ?
La blessure de rejet s’infiltre discrètement dans le quotidien. Elle agit comme un filtre à travers lequel chaque interaction est perçue. Elle se manifeste par une hyper réactivité au regard des autres, une peur persistante de ne pas être à la hauteur, un sentiment d’inadéquation profond et parfois difficile à nommer.
On se sent alors repoussé, méprisé, mis à l’écart.
Elle vient murmurer qu’il vaut mieux ne pas déranger, ne pas trop espérer, ne pas trop se montrer, et prend mille visages :
une peur permanente d’être jugé ou abandonné,
une difficulté à s’exprimer par peur d’être incompris,
un évitement des conflits, car toute opposition est vécue comme un désamour
une tendance à l’autosabotage afin de ne pas avoir à revivre d’hypothétique rejet

Souvent, ceux qui portent cette blessure développent une estime de soi fragile,et dépendante du regard des autres. Ils ont du mal à croire en leur valeur profonde et cherchent sans cesse des preuves d’amour pour se rassurer.
Certaines personnes s’effacent, convaincues qu’elles dérangent. D’autres cherchent sans relâche à plaire, à être choisies, à mériter l’amour — sans jamais y croire vraiment. On évite de demander, de s’imposer, de montrer ses besoins. On préfère se taire plutôt que risquer de ne pas être compris. Et quand l’amour se présente, il peut sembler suspect, injustifié, temporaire.
Il y a aussi ces stratégies d’évitement, subtiles, mais tenaces : ne pas s’engager pleinement, saboter ce qui pourrait réussir, se retirer avant même d’être blessé.L’intimité devient un terrain glissant. La peur de déranger ou d’être abandonné pousse à des comportements ambivalents : on s’accroche… ou l’on fuit.
Et derrière tout cela, il y a souvent une fatigue existentielle, une difficulté à trouver sa place, à sentir qu’on a le droit d’être aimé simplement pour ce que l’on est.
En sortir, c’est revenir à soi
Panser cette blessure complexe qui a creusé son sillon pendant des années ne se fait pas en un jour. Il s’agit d’aller à la rencontre de cette part de soi qui a cru un jour qu’elle devait disparaître pour mériter d’exister et d’être aimé. Comme souvent cela commence par une prise de conscience, puis du courage, de la tendresse et de la patience.
Revenir à l’enfant intérieur : l’écouter, le consoler, le rassurer, lui offrir l’amour qu’il a attendu si longtemps.
Reconstruire l’estime de soi, non comme une carapace, mais comme un socle : reconnaître sa valeur même dans l’imperfection, même dans le doute.
S’exposer progressivement, oser dire, poser des limites, être authentique, même si cela implique de ne pas plaire à tout le monde.
Accueillir les relations justes, celles où l’on peut exister sans performance, sans masque, sans peur, celles qui n’imposent rien et ne demandent pas de se transformer.
Et puis, il y a cette part de spiritualité, discrète, mais essentielle, qui vient rappeler que nous ne sommes pas définis par les blessures de notre passé et notre valeur ne dépend jamais du regard extérieurLa vie nous traverse, nous transforme, nous ouvre sans cesse de nouveaux chemins. Elle ne nous rejette pas. Elle nous pousse, au contraire, à reprendre notre place.
Retrouver sa juste place
Quand cette blessure s’apaise, un espace s’ouvre. Le cœur se rouvre, non plus dans l’attente d’être validé, mais dans la confiance d’être légitime.On cesse de quémander l’amour comme une réparation. On cesse de se contorsionner pour ne pas déranger. On arrête de se dénigrer et on se redresse doucement, avec la certitude de mériter être juste soi.
On n’a plus besoin d’être parfait pour être digne d’amour. On n’a plus besoin de prouver, ni de s’effacer. C’est un chemin de réconciliation avec soi, avec l’autre, avec la vie. Les liens deviennent plus vrais, on n’a plus besoin de masque. On redevient acteur de sa vie, non plus spectateur inquiet.
Un espace pour déposer ce qui pèse
Et si cette blessure résonne en vous, si elle continue à influencer vos choix, vos relations, votre regard sur vous-même, sachez qu’un autre chemin existe. Je vous accueille dans un espace de soin et d’écoute bienveillant. Ensemble, nous pourrons déposer les traces du passé, et faire émerger ce qui, en vous, n’a jamais cessé d’être digne d’amour.
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